Page:Des artistes, première série, 1885-1896, peintres et sculpteurs, 1922.djvu/151

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surgissement de ces fantastiques fleurs, qui se dressent et se crêtent, semblables à des oiseaux déments, Van Gogh garde toujours ses admirables qualités de peintre, et une noblesse qui émeut, et une grandeur tragique, qui épouvante. Et, dans les moments de calme, quelle sérénité dans les grandes plaines ensoleillées, dans les vergers fleuris. où les pruniers, les pommiers neigent de la joie, où le bonheur de vivre monte de la terre en frissons légers et s’épand dans les ciels pacifiques aux pâleurs tendres, aux rafraîchissantes brises ! Ah ! comme il a compris l’âme exquise des fleurs ! Comme sa main, qui promène les torches terribles dans les noirs firmaments, se fait délicate pour en lier les gerbes parfumées et si frêles ! Et quelles caresses ne trouve-t-il pas pour en exprimer l’inexprimable fraîcheur et les grâces infinies ? Et comme il a compris aussi ce qu’il y a de triste, d’inconnu et de divin dans l’œil des pauvres fous et des malades fraternels !

’Écho de Paris, 31 mars 1891