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MARIE.

meur. Il semblait rassasié de ses biens en les voyant ; et il devenait avare avec les pauvres. On ne l’appelait plus le beau Lubin, mais le brusque Lubin. Il semble que la tristesse qui suit une mauvaise action prenne la teinte de l’action elle-même : ce chagrin farouche n’attendrit personne ; il repousse tout le monde. Tout le monde fuyait Lubin, quoiqu’il fût riche ; il fuyait aussi tout le monde, quoiqu’il n’aimât pas à se trouver seul.

Quand son intérêt l’appelait aux champs, il prenait de longs circuits pour éviter de passer contre le petit enclos qui entourait une chaumière abandonnée. La croix qui s’élevait de terre à cette place lui blessait la vue, l’air qui circulait autour l’oppressait ; il en détournait la tête en grondant les pâtres qui tremblaient devant lui.

Ainsi le tombeau d’une tendre fille effrayait un méchant : il y en a donc au village ! Hélas ! il y en a donc partout ! Ce tom-