Page:Desbordes-Valmore - Élégies, Marie et romances.pdf/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(14)


L’ORAGE.


Oh ! quelle accablante chaleur !
On dirait que le ciel va toucher la montagne :
Vois ce nuage en feu qui rougit la campagne ;
Quels éclairs ! quel bruit sourd !… ne t’en va pas, j’ai peur !
Les cris aigus de l’hirondelle
Annoncent le danger qui règne autour de nous ;
Son amant effrayé la poursuit et l’appelle :
Pauvres petits oiseaux ! vous retrouverez-vous !
Reste, mon bien aimé, reste, je t’en conjure ;
Le ciel va s’entr’ouvrir :
De l’orage, sans moi tu veux braver l’injure ;
Cruel ! en me quittant, tu me verrais mourir.
Ce nuage embrasé qui promène la foudre,
Vois-tu bien, s’il éclate, il te réduit en poudre !…
Encourage mon cœur, il palpite pour toi…
Ta main tremble, Olivier ! as-tu peur comme moi ?
Tu t’éloignes… tu crains un danger que j’ignore :
En est-il un plus grand que d’exposer tes jours ?
Je donnerais pour toi ma vie et nos amours ;
Si j’avais d’autres biens, tu les aurais encore.