Page:Desbordes-Valmore - Élégies, Marie et romances.pdf/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
ROMANCES.


LE REGARD.


Cache-moi ton regard plein d’ame et de tristesse,
Dont la langueur brûlante affaiblit ma raison.
De l’amour qu’il révèle il m’apprendrait l’ivresse :
Pour les infortunés son charme est un poison.

Lèves-tu sur mes yeux ta paupière tremblante,
C’est le ciel qui s’entr’ouvre et sourit au malheur.
C’est un rayon divin ! une étoile brillante,
Qui perce la nuit sombre où gémissait mon cœur.

Oui, la douleur s’envole, et mon ame ravie
Suit la douce clarté qui ne peut m’éblouir.
Éviter ton regard, c’est repousser la vie !
Attache-le sur moi !… je ne puis plus le fuir.