Page:Desbordes-Valmore - Élégies, Marie et romances.pdf/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(42)

Le lendemain, dans sa simple demeure,
Avec l’Amour elle attendit en vain.
Elle attendit encor le lendemain,
Le mois entier, chaque jour, à toute heure !…
Par le remords lentement déchiré,
D’un sombre ennui son cœur est dévoré.
Elle offre à Dieu cet amour qui l’opprime :
Puisqu’il fait tant de mal, il faut qu’il soit un crime !
Mais ne vivant que par le souvenir,
Le passé la poursuit jusques dans l’avenir.
Plus de sommeil, Pauline en vain l’appelle ;
Pour le malheur il est sourd et rebelle.
Plus de vertu, plus d’amis, plus d’amant.
Tout est perdu pour l’erreur d’un moment.
C’est la fleur du vallon sur sa tige abattue
Par le frimat qui l’effeuille et la tue !
C’était l’hiver : la saison de l’amour
Semblait avoir disparu sans retour.
Assise, un soir, au bord de sa chaumière,
Pleurant sa honte, et fuyant la lumière,
Un bruit soudain fait tressaillir son cœur ;
Un char léger ramène son vainqueur…
C’est lui ! grand dieu ! c’est la voix qu’elle adore !
C’est lui ! dit-elle, il vient ! il m’aime encore !…
Mais un regard fait tout évanouir,
L’espoir s’enfuit… Pauline va mourir !