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À MA FAUVETTE.


Adieu fauvette ! adieu ton chant plein de douceur !
Il ne charmera plus ma triste rêverie,
En pénétrant jusqu’à mon cœur.
Adieu ma compagne chérie !
Je ne l’entendrai plus, ce doux accent d’amour,
Et cette rapide cadence,
Légère comme l’espérance,
Qui m’échappe aussi sans retour.
Oh ! ma fauvette ! en ces lieux adorée,
Puisses-tu trouver le bonheur !
Il n’est trop souvent qu’une erreur ;
Mais qui peut plus que toi compter sur sa durée ?
De t’entendre toujours n’a-t-on pas le désir ?
Le méchant qui t’écoute a-t-il encor des armes ?
Et lorsqu’en triomphant tu chantes le plaisir,
Par ta voix célébré, n’a-t-il pas plus de charmes ?
Tu n’as point à prévoir un triste changement :
De tes succès l’aimable enchantement
D’un vain orgueil ne t’a point enivrée ;
Et je te vois, d’hommages entourée,
Sensible aux maux de l’amitié,
Ne pouvant les guérir, en prendre la moitié.