Page:Desbordes-Valmore - Élégies et poésies nouvelles, 1825.pdf/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
ÉLÉGIES.

Effleure de son vol l’ardoise étincelante,
S’y pose, chante, fuit et revient tous les jours :
Ton chant avec le sien se fond dans ma pensée,
Trop de bonheur remplit ma poitrine oppressée ;
Je pâlis de plaisir à ces cris du retour ;
J’ai ressenti ta voix, j’ai reconnu l’amour !

Dans le demi-sommeil où je tombe rêveuse,
Je te crains, je t’espère et je te sens venir ;
Tu parles, mais si bas ! une oreille amoureuse
Peut seule entendre et retenir :
« Veux-tu, mais ne dis pas que l’heure est trop rapide,
« Veux-tu voir la montagne et le courant limpide ?
« Veux-tu venir au pied du grand chêne abattu ? »
Moi, je ne réponds pas pour écouter : « Veux-tu. »
« Veux-tu, mais ne dis pas que la lune est cachée ;
« Veux-tu voir notre image au bord des flots penchée ?
« Ne tremble pas, tout dort ; l’écho même s’est tu. »