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ÉLÉGIES.

Eh bien ! que rien ne les arrête ;
Je les donne au tombeau, je m’y traîne à mon tour,
Et comme on oublie une fête, :
Jeune encor j’oublîrai l’amour.
Pour beaucoup d’avenir j’ai trop peu de courage,
Oui, je le sens au poids de mes jours malheureux,
Ma vie est un orage affreux,
Qui ne peut être au long orage.

J’entends de l’indiscret le rire délateur ;
Il revient insulter au mal qui me dévore.
Il rirait sur ma tombe, il parlerait encore :
C’est l’écho d’un ingrat. Que n’est-ce un imposteur !

Fuis, dépositaire infidèle
Des secrets imprudens confiés à ta foi :
Va ! qui trompe une amante au moins a pitié d’elle,
Tu trahis un méchant, mais il l’est moins que toi.
Sa pudeur, ses remords prenaient soin de ma vie ;