Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 1, Boulland, 1830.djvu/221

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Je te pardonne tout, sois heureux, tout est bien :
Le ciel, qui t’avait fait pour me rendre sensible,
Oublia que pour plaire il ne me donnait rien.
Et je fuis : je t’échappe au milieu de tes fêtes,
Où tant de vœux ont divisé nos pas !
L’éloignement, triste bienfait , hélas !
Semble un rideau jeté sur tes conquêtes.
Je n’entends plus ces déchirantes voix ,
Qui vont chercher des pleurs jusques au fond des ames ;
Ces mots inachevés, qui m’ont dit tant de fois
Les noms changeans de tes errantes flammes :
Je les sais tous ! ils ont brisé mes vœux ;

Mais je n’étouffe plus dans mon incertitude :
Nous mourrons désunis, n’est-ce pas ? Tu le veux !
Pour t’oublier, viens voir !… qu’ai-je dit ? Vaine étude,
Où la nature apprend à surmonter ses cris,
Pour déguiser mon cœur, que m’avez-vous appris ?
La vérité s’élance à mes lèvres sincères ;