Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 1, Boulland, 1830.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
IDYLLES.

Et, caressant ses yeux de leur fraîcheur légère,
Je grondais le méchant qui troublait son repos.
Hélas ! j’aurais voulu m’endormir auprès d’elle,
Mais je ne dors jamais le jour ;
La nuit même, la nuit me paraît éternelle,
Et j’aime mieux te voir que de rêver d’amour.
Que mon cœur est changé ! comme il était tranquille !
Je le sentais à peine respirer.
Ah ! quand il ne fait plus que battre et soupirer,
L’heure qui nous sépare au temps est inutile.
En voyant le soleil encor si loin du soir,
Je me disais : Mon Dieu ! que ma mère est heureuse !
Le repos la surprend dès qu’elle peut s’asseoir ;
Ma mère n’est pas amoureuse !
Et je fermais les yeux pour rêver le bonheur ;
Et mes yeux te voyaient couché dans ce bois sombre ;
Et, quand tu gémissais à l’ombre,
Le soleil me brûlait le cœur.