Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 1, Boulland, 1830.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’avons-nous prononcé ?… je m’en souviens à peine ;
Ce n’est pas nous ! Sais-tu qui fit notre tourment ?
C’est l’orgueil : il sépare, il ressemble à la haine.
Lequel aurait pu dire, adieu, sans quelques pleurs ?
Hélas ! lorsque, entraînés vers les mêmes rivages,
Deux ruisseaux sont unis, forcent-ils les orages
À diviser leurs flots parés des mêmes fleurs ?
Si quelque main, contraire à leur pente chérie,
Forçait l’un à couler vers un autre séjour,
La plus faible moitié serait bientôt tarie,
Et l’autre, en murmurant, sécherait à son tour.

Leurs limpides destins furent notre partage ;
J’y revois nos amours comme au fond d’un miroir :
Où sont tes yeux, ma vie ?… ah ! quand je peux les voir,
Ils m’en disent bien davantage !