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IDYLLES.

Un vain semblant du soir, un fugitif orage ?
Que je voudrais le croire ! Hélas ! un si beau jour
Ne devrait pas mourir sans consoler l’Amour.
Viens ! ce voile jaloux ne doit pas te surprendre.
Dans les cieux à son gré laisse-le se répandre ;
Ne va pas comme moi le prendre pour la nuit !
Quand son obscurité m’importune et me nuit,
Si le soleil plus pur allait paraître encore !
Si j’allais avec lui revoir ce que j’adore !
Si je pouvais du moins, en lui livrant ces fleurs,
Me cacher dans son sein, et rougir de mes pleurs !
Il me dirait : « Je viens, j’accours, ma bien-aimée !
« Ce nuage qui fuit t’aurait-il alarmée ?
« La nuit est loin, regarde ! » Et je verrais ses yeux
Rendre la vie aux miens, et la lumière aux cieux.

Non ! le jour est fini. Ce calme inaltérable,
L’oiseau silencieux fatigué de bonheur,