Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 2, Boulland, 1830.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
POÉSIES

Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.

Mais au fond du tableau, cherchant des yeux sa proie,
J’ai vu… je vois encor s’avancer le Malheur.
Il errait comme une ombre, il attristait ma joie
Sous les traits d’un vieux oiseleur ;
Et le vieux oiseleur, patiemment avide,
Aux pièges, avant l’aube, attendait les oiseaux ;
Et le soir il comptait, avec un ris perfide,
Ses petits prisonniers tremblants sous les réseaux.
Est-il toujours bien cruel, bien barbare,
Bien sourd à la prière ? et, dans sa main avare,
Plutôt que de l’ouvrir,
Presse-t-il sa victime à la faire mourir ?
Ah ! Du moins, comme alors, puisse une jeune fille
Courir, en frappant l’air d’une tendre clameur,
Renvoyer dans les cieux la chantante famille,
Et tromper le méchant qui faisait le dormeur !