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Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/77

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Dans un espoir silencieux.
Sa tête avait blanchi sur des rives lointaines ;
Ses pieds gonflés portaient l’empreinte de ses chaînes
Son sang avait coulé sous des fers inhumains,
Et l’affreux esclavage avait meurtri ses mains.
Son champ natal n’est plus qu’un chemin solitaire ;
Personne à ses vieux ans ne promet un beau jour ;
Ses amis, ses enfans, qu’il cherche à son retour,
Ont tous disparu de la terre.
Alors dans un hospice il va cacher son sort :
Sous l’humble nom de Pierre, on l’y regrette encor.
On dit que de sa voix la douceur pénétrante
Versait dans tous les cœurs de célestes secours ;
Les malades entre eux répétaient ses discours,
Car ils faisaient sourire une bouche mourante.
Près des êtres plaintifs, dont il charmait les maux,
N’osant de ses malheurs recommencer l’histoire,
Les tendres souvenirs qui peuplaient sa mémoire