Aller au contenu

Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rien n’éclairait le voile où s’éteignaient ses yeux :
« Heureux avant le soir qui finit son voyage ! »
Disait-elle au vieillard, en regardant les cieux.
De ses derniers soupirs elle était oppressée ;
Un secret douloureux l’étouffait ; mais sa voix
Retenait les aveux de cette ame blessée ;
Elle souffrit long-temps sans se plaindre une fois.
Il l’aima plus qu’une autre ; elle était malheureuse.
Elle osa sur son sein reposer sa douleur ;
Comme à l’ormeau s’attache une fragile fleur,
Pour retarder d’un jour sa chute douloureuse.
Il ne demandait pas : « Pourquoi veux-tu mourir ? »
Mais d’un œil pénétrant il regardait ses larmes,
Ce front où la jeunesse avait perdu ses charmes,
Et disait : « C’est l’amour qui la fait dépérir.
Hélas ! d’autres comme elle, en leur fièvre brûlante,
Ont demandé ce froid sommeil ;
D’autres ont souhaité cette nuit sans réveil ;