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Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/95

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Tous cherchent son regard et brûlent de l’entendre.
L’amitié qui s’alarme est plus vive et plus tendre ;
Tous appellent sa voix si forte en sa douceur !

« Approchez, leur dit-il, mes frères d’infortune ;
Ma misère à vous seuls ne fut point importune ;
Vous avez recueilli les débris de mon sort.
Cet asile s’ouvrit pour cacher mon naufrage.
Rejeté par les flots de rivage en rivage,
Tel un vaisseau perdu rentre et périt au port ;
Le nom qu’il a porté dans ses courses lointaines,
Ses voiles, ses festons, sa gloire, ses couleurs,
On n’en reconnaît plus les marques incertaines,
Et ses flancs déchirés n’ont dit que ses malheurs.
Libre dans mes destins, ou courbé sous des chaînes,
Partout où j’égarai mes pas aventureux,
J’écoutai ; les récits charmaient toutes mes peines,
Je devenais meilleur, j’étais moins malheureux.