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PRIÈRES.

De la foi des époux sentinelle sans armes !
Rayonnement divin qui passe entre leurs larmes !
Fleur du toit, qui ravive et retient le bonheur !
Visible battement de deux cœurs dans un cœur !

Elle n’a plus d’enfant. Sa tendresse est déserte ;
Plus un rameau qui rit, plus une plante verte,
Plus rien. Les seules fleurs qui s’ouvrent sous ses pas
Croissent où les vivans ne les dérobent pas,
Au grand jardin sans fruits jonché de nos couronnes,
Des débris de charrue et des débris de trônes ;
Où l’on entend dormir les peuples et les rois,
Tous rangés au pouvoir d’un seul sceptre : la croix !

C’est là que sa langueur s’abrite agenouillée,
Cherchant son beau passé sous la terre mouillée ;
Là, qu’en un flux étrange et de peur et d’espoir,
Chaque marbre, en passant, lui murmure : Au revoir !
Oui, c’est là qu’on entend, et que du sein des mousses,
Sous nos pieds frissonnans montent des plaintes douces.
C’est là que va l’oiseau, de l’aile et de la voix,
Frapper à cette porte où tout passe une fois.