Marchant sur l’alphabet rangé sur mes genoux,
La mouche en bourdonnant me disait : Venez-vous ?…
Et mon nom qui tintait dans l’air ardent de joie,
Les pigeons sans liens sous leur robe de soie,
Mollement envolés de maison en maison,
Dont le fluide essor entraînait ma raison ;
Les arbres, hors des murs poussant leurs têtes vertes ;
Jusqu’au fond des jardins les demeures ouvertes ;
Le rire de l’été sonnant de toutes parts,
Et le congé, sans livre ! errant aux vieux remparts :
Tout combattait ma sœur à l’aiguille attachée ;
Tout passait en chantant sous ma tête penchée ;
Tout m’enlevait, boudeuse et riante à la fois ;
Et l’alphabet toujours s’endormait dans ma voix.
Oh ! l’enfance est poète. Assise ou turbulente,
Elle reconnaît tout empreint de plus haut lieu :
L’oiseau qui jette au loin sa musique volante,
Lui chante une lettre de Dieu !
Moi, j’y reviens toujours à l’enfance chérie,
Comme un pâle exilé cherche au loin sa patrie.
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PRIÈRES.