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PRIÈRES.

Un mort vient tout-à-coup de souffler sa lumière ;
C’est une double nuit qui pèse à sa paupière.
Il ne veut pas qu’on meure ! et je ne le veux pas ;
Et j’aime mieux l’exil que la mort dans mes pas.

Sur la mer sans repos qui parle avec l’orage,
Dans les bois dont la sève a déroulé l’ombrage,
Aux rayons du soleil âpre et brûlant mes mains,
Qui du même baiser consume les humains,
Je n’ai jamais voulu mourir à mes misères,
Ni m’éteindre à l’espoir qui court dans mes prières ;
Moi, le plus faible son de l’éternel accord,
Rome, je ne veux pas, vois-tu, me taire encor.

Je cherche à quelle pierre une main adorée
Grava l’humble présent de ma lettre ignorée,
Quand de la grande armée alors soldat vainqueur,
Mon frère à tes trésors n’enleva qu’une fleur.
Rome ! elle était pour moi, je l’avais souhaitée ;
Et toute tiède encor je te l’ai rapportée,