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PRIÈRES.

Merci ! toi qui descends des divines montagnes,
Pour éclairer nos morts épars dans les campagnes,
Dans leur étroit jardin qui viens les regarder.
Et contre l’oubli froid tu sembles les garder :

Je me souviens aussi devant ton front qui brille,
Douce lampe des morts qui luis sur ma famille ;
Au bout de tes rayons promenés sur nos fleurs,
Comme un encens amer prends un peu de mes pleurs :
Nul soleil n’a séché ce sanglot de mon âme,
Et tu peux le mêlant à ton humide flamme,
L’épancher sur le cœur de mon père endormi,
Lui, qui fût mon premier et mon plus tendre ami !

Quel charme de penser en te voyant si pure
Et cheminant sans bruit à travers la nature,
Que chaque doux sépulcre où je ne peux errer,
En m’éclairant aussi tu vas les éclairer !
À ma bouche confuse enlève une parole,
Pour la sanctifier dans ta chaste auréole ;