Page:Desbordes-Valmore - Bouquets et prières, 1843.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
PRIÈRES.


Égayez-vous leur temps d’exil sous la rivière,
En garnissant d’oiseaux la fragile barrière
Où vous allez suspendre et baigner vos ennuis,
Pour rafraîchir vos jours, rêveurs comme vos nuits ?

Parfois l’aigle sur l’onde attache sa paupière,
Et s’inonde à plaisir d’une calme lumière :
Ainsi, près du miroir inspirateur de l’eau,
Le génie, aigle ardent, sort libre du cerveau.

Comme dans l’Orient, au fond de votre chambre,
Où ne gèle jamais l’haleine de décembre,
Voit-on ce filet d’eau circuler nuit et jour,
Pour faire aux poissons d’or un tiède et clair séjour ?

Oh ! que ne puis-je atteindre à ces molles demeures
Pour glisser alentour de vos limpides heures,
Que n’altéra jamais la haine au poulx fiévreux ;
Vos heures ! dons du ciel voués aux malheureux.