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LES PETITS POLONAIS.

de petites meules à sa taille ; vainement chez le potier, où l’enfant passait de longues heures à façonner de menus plats qu’il faisait cuire et durcir lui-même dans le grand four ; vainement chez le poissonnier d’eau douce, dont les viviers attiraient Léonard, ami passionné des poissons et de leur élément qui brille ; et enfin chez le charron et le toilier, qui tenaient Léonard dans des ravissements infinis devant les merveilles qu’il leur voyait créer pour le bonheur du monde. Tous ces goûts de Léonard, que la nourrice ne manquait pas d’observer, la faisaient songer en elle-même qu’un enfant qui veut apprendre tant de choses est un prodigieux enfant destiné peut-être à se faire roi. Mais en ce moment elle ne brûlait de l’atteindre que pour le traiter en nourrisson qui lui était encore subordonné.

Ayant ainsi roulé ses pas et son âme pour découvrir la trace de l’écolier errant, Paraska vit de loin le vieux Pater-Noster traînant sa jambe enveloppée d’une peau de chèvre, et s’aidant de sa béquille pour aller s’asseoir sous la grande figure de saint Christophe. Pater-Noster regarda curieusement Paraska et Paraska regarda Pater-Noster ; mais, ayant cette fois toute autre chose en tête que de lui faire l’aumône, elle passa comme une flèche devant lui, se contentant de tirer