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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/24

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sais même pas me plaindre d’un malheur qui me tue. J’avais tout supporté avec courage, mais, mon cher ami, ce dernier coup m’a frappée au cœur !… J’ai perdu ce que j’ai le mieux aimé au monde, et comment l’ai-je perdu ! Cette image s’attache à moi… N’est-ce pas un ange qui me suit ? Oui, cher Félix, j’ai beaucoup souffert. Ce petit ami, cet adorable enfant était l’unique charme et le seul espoir de ma vie. Ma triste existence se traîne à présent. Oh ! je suis bien malheureuse !

Papa se porte mieux. J'ai augmenté sa pension, et ferai davantage encore par la suite, si j’ai un avenir… »

Bruxelles, le 5 septembre 1816.

« … Papa se porte mieux, Mme Gantier l’a vu dans un voyage qu’elle vient de faire à Douay. Si je reste à Bruxelles l’année prochaine, comme tout le fait croire, j’irai le voir, comme je me le suis promis, j'ai besoin de l’embrasser. Il est si vrai que c’est pour lui seul que j'ai pu me résoudre à continuer le théâtre ! C’est le plus grand sacrifice que j’aie jamais fait… Mais son bonheur m’est plus cher que tout au monde. Si tu savais, mon cher Félix, comme j’aime mon pauvre père ! Hélas ! comme j'aime tous mes parents. Crois-moi, sans d’aussi chers liens, il y a six mois que je n’existerais plus. Mais, non, fai tort de te dire