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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/34

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Ce dénuement pût naître d’une autre cause, que seraient tentées d’appeler un vice les âmes bien tenues de caissières, et qu’Hippolyte « le fils le plus tendre, l’ami le plus dévoué », retrace dans le si affectueux reproche : « Amasser, conserver même, lui était impossible.

Le superflu, tu vois, c’est pour l’être sensible
Tout ce que les autres n’ont pas.

«En effet, elle me disait parfois qu’un objet quelconque, précieux ou non, ne lui semblait plus être sien aussitôt qu’il avait été désiré par quelqu’un. » Que de fois revenant de toucher le trimestre de la pension, qu’il lui était si pénible d’accepter au début et dont elle était si heureuse maintenant, elle rentrait pourtant à la maison les mains vides : elle était allée voir Pauline Duchambge, et l’ayant trouvée si misérable, sans feu, sans pain, lui avait laissé ce qu’elle venait de recevoir, certaine de l’approbation du mari et du fils. Aussi est-elle réduite souvent à des extrémités pénibles : « J’avais un franc dans mon tiroir pour commencer mon mois…»; elle suspend l’envoi de lettres écrites aux siens, faute de pouvoir les affranchir. Elle est le pauvre qui fait l’aumône. Elle ne s’en tient pas à l’aumône du peu d’or dont elle a tant besoin, elle fait aussi l’aumône de son cœur. Il n’est pas une détresse qui ne l’émeuve : pauvres de bonheur, persécutés, malades, sur tous, Marceline étend son inépuisable charité, — sans pré-