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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/74

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heures, plus abattue que je n’avais été. Mon sacrifice à moi venait de s’accomplir. Il est un de ceux qui font deviner l’angoisse de la mort. Ma tête a tourné dans un affreux éblouissement... et je suis ici étonnée, seule, mais plus calme. Sois en paix sur ton fils, puisque je le suis. La position où il serait si ton père avait cent mille francs de rentes, et si nous étions nous-mêmes de grands et solides personnages, Hippolyte en jouit dans les bras, car il y est sans cesse, d’un homme qui est un mélange de tout ce que nous estimons dans nos meilleurs amis. Il est passionné comme toi, il a cette active charité de M. Dessaix que je nomme mon pur apôtre, il est actif d’âme et de corps. La vie est complète auprès d’un tel homme, car il est fortuné et ne poursuit ce rude métier de père de cinquante petits hommes, que pour remplir sa mission, une vocation, un culte ! Dans toutes mes larmes, en m’arrachant de notre ange qui te ressemble tant ! il y en avait pour cet homme que j’ai connu trois jours. Tout notre avenir est maintenant lié au sien. Sois calme, heureux, et crois dans une providence cachée. N’est-elle pas sensible dans ce qui nous arrive ! Je m’y abandonne comme un enfant à sa mère... Et puis écoute, tu m’as parlé de mots détournés et qui t’avaient fait du mal. Du mal à toi ! quand je te donnerais mon sang, quand je te suivrais au bout du monde, et partout et