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HUIT FEMMES.

— Où sommes-nous ? demande-t-elle, ô mon bien-aimé n’es-tu pas fatigué comme moi ?

— Ta gracieuse faiblesse est charmante, dit-il. Viens, chère fille ; notre cheval est épuisé, nous avons bien acheté comme lui le droit de nous reposer sous ces arbres où Calpetti va nous rejoindre.

Durant ce rêve profond, livrée tout entière à la volonté de l’époux de son choix, Fanelly n’était-elle pas la plus confiante, la plus heureuse des femmes ? elle voulait l’être au moins ! Son ame éveillée seulement à l’amour, n’admettait pas que, protégée par le courage et les regards du seul être qui l’aimât alors au monde, sa sécurité pût être troublée, ni sa foi distraite. Elle s’indigna surtout de frissonner d’un fantôme obsédant et posé devant elle au mi-