Page:Desbordes-Valmore - Huit femmes, 1845.pdf/389

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
HUIT FEMMES.

il croyait son maître instruit. Cette idée allarmait sa jalouse ambition. Un secret de son maître, dont il n’était pas possesseur, lui semblait un trésor qu’il brûlait d’acquérir. La constante fermeté du nègre à lui résister irritait son orgueil, et l’excitait à se venger par de durs traitemens. Arsène ne se plaignait pas ; mais, malgré les promesses et la bonté de M. Primrose, il sentait qu’il était esclave. Toutefois, l’espoir d’avoir acquis un protecteur à Sarah le soutenait dans sa captivité volontaire. C’était en la regardant de loin courir librement avec Edwin qu’il retrouvait son courage, au milieu des tristes pensées que la servitude traîne après elle. Leurs jeux, leur âge, les éclats d’une innocente gaîté que n’osait troubler le farouche Silvain, étaient la seule récompense du