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HUIT FEMMES.

Mais connaissez aussi toute la faiblesse de votre père : j’aurais pu, dès longtemps, réaliser ma fortune et retourner en Angleterre, où des relations si chères nous appellent ; pourtant, jusqu’à ce jour, l’effroi de m’arracher à ce tombeau, d’abandonner pour toujours ou pour longtemps ce coin de terre qui m’a tenu lieu du monde entier depuis seize ans, a jeté mon ame dans des angoisses inexprimables ; je n’ai pu trouver encore le courage nécessaire à ce dernier sacrifice. Il le faut enfin ! il le faut ! continua-t-il en attirant son fils du côté du rivage. Allons ! c’est presque un adieu que vous venez d’apporter ici.

L’étonnement d’Edwin, l’avenir incompréhensible qui se présentait devant lui, les vives émotions qu’il avait successivement éprouvées lui ôtèrent jusqu’à la