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HUIT FEMMES.

vait se lasser bientôt de vivre ainsi tout seul, et retourner à l’habitation, comme je l’avais vu quelquefois faire à d’autres nègres. Ma résolution fut prise au moment même. Je retournai à cette cabane que j’avais abandonnée ; j’y pris tout ce qui pouvait vous servir ; j’entassai dans ma pirogue les provisions qu’elle put contenir : des poissons séchés, des racines et des fruits ; ensuite je me confiai avec vous à la Providence. Après quelques jours de voyage, dont j’ignorais encore le but et la durée, nous abordâmes au pied de cette montagne, où Dieu nous protège et nous cache depuis douze ans. En montrant à M. Primrose un écrit de mon maitre, qui me rendait libre d’appartenir à tout autre, je lui dis que je le confiais à lui seul au monde, ainsi que vous, pauvre orpheline blanche, qui n’aviez plus que