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HUIT FEMMES.

car elle revient presque chaque année désoler notre île paisible. Ici la saison appelée l’hivernage, comme elle est la plus brûlante, est aussi la plus désastreuse. On dirait le rêve du déluge : La colonie ressent alors des secousses de tremblement de terre si terribles que la plupart de nos maisons en sont renversées. Deux fois, depuis que je suis née, j’ai vu la nôtre détruite ainsi. Une de nos calamités la plus redoutable est la sécheresse, qui se prolonge quelquefois deux ou trois mois entiers ; nous ne buvons que l’eau du ciel, recueillie avec soin dans les citernes : mais les citernes s’épuisent quelquefois avant qu’une pluie, plus précieuse pour nous que l’or, vienne calmer la crainte et souvent le tourment de la soif elle-même. Nos fruits nous soulagent sans doute,