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HUIT FEMMES.

qu’il était impossible d’y découvrir ni d’y prévoir un orage. Elle ne s’avoua ni ne comprit que seule elle devait fuir ce brillant météore, puisque personne (elle l’entendait dire partout) ne pouvait regarder des traits pareils sans éprouver le désir fort innocent de les revoir afin de connaître l’âme qu’ils enveloppaient d’un si beau voile. Nulle bouche amie ne lui vint dire : — Prenez garde : voilà une dangereuse apparition dans la vie d’une femme promise à un autre ; d’une femme assez belle pour attirer la persévérante attention d’un homme trop beau lui-même pour l’ignorer.

Elle revit sans effroi ce voyageur mystérieux, si prodigue d’or, si libéral, si grand joueur, et de mœurs si somptueuses qu’il était devenu le sujet de tous les entretiens, de toutes les suppositions des