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HUIT FEMMES.

de la voiture de Revalto se faisait entendre au loin ; puis jusqu’au seuil, puis s’éloignait de nouveau comme pour égarer l’ame anxieuse de Fanelly. Tout à coup, son rêve lui fait voir Revalto s’élançant chez elle, et pour la première fois sans se faire annoncer : « Te voilà ! » crie-t-elle d’une voix étouffée par la joie. Mais, lui-même, au lieu de l’aborder avec empressement, se range dans l’angle le plus obscur de la salle et s’y tient immobile, fixant sur elle ses yeux plus grands, plus noirs qu’elle ne les a jamais vus, luisant jusqu’à l’éclat du feu, grandissant toujours pour contenir leur flamme sombre.

— Est-ce que vous pleurez, mon Revalto ? demande-t-elle avec une pitié craintive.

— Il faut partir ! répond-il d’un ton de