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Page:Desbordes-Valmore - L’enfant des Champs-Elysées, 1871.djvu/39

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l’enfant des champs-élysées.

plus la foi s’affermissait dans son esprit. Si ses pensées n’étaient pas moins amères, on pouvait dire qu’elles étaient moins bouillantes, et comme on les ressent dans la pieuse gravité d’une église. Se ressouvenant que tous les bonheurs fuient comme des volées d’oiseaux, elle entrait dans la conviction que rien dans cette vie, tel solitaire, tel dépouillée qu’elle soit, n’est inutile devant l’appréciation de Dieu. Elle alla jusqu’à s’avouer qu’une douleur sans mesure n’est rien au fond d’elle-même, puisqu’elle peut cesser avec la mort ; mais que ce qui en reste d’impérissable, c’est le respect, c’est l’acquiescement avec lesquels on l’a subie. Ses larmes coulaient dans la soumission, et celles-là comptent seules, car elles ne coulent pas sur le sable aride de la révolte ; elles s’épanchent sur le sein de quelque ange attentif qui les garde pour en désaltérer un jour l’âme même d’où elles ont coulé. Elle continua de se maintenir debout pour marcher dans les