Page:Desbordes-Valmore - L’enfant des Champs-Elysées, 1871.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
l’enfant des champs-élysées.

— Je suis Savoyard, il faut que je ramène le petit au patron qui me l’a confié jusqu’au soir.

Le roulement de la voiture avait fini par calmer son émotion, et quand on arrêta sous l’arche noire de la cour, il causait amicalement avec sa marmotte.

Madame de Senne pénétra de nouveau sous ces longues voûtes. Un sentiment au-dessus de la terre l’animait. Les corridors déserts lui semblaient remplis de protection, et leur silence n’était plus la mort. Cette espèce de saint chuchotement remplissait ses oreilles : « Crois et supporte. » Elle eût juré que dans chaque angle sombre elle voyait briller Jésus-Christ, et que le faible écho des voûtes était le frôlement de ses pas divins.

L’interrogatoire que subit l’enfant ne laissa nul doute sur son identité avec celui que l’on cherchait depuis un an. Sa mutilation, racontée avec la candeur de cet âge, fit plusieurs fois courir un frisson d’horreur parmi les témoins.