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Page:Desbordes-Valmore - Le Livre des petits enfans, 1834 (Hauman).pdf/201

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qui nous attire à genoux, les mains jointes et levées pour dire : — Mon Dieu !

Un petit Berger, bien qu’il n’eût que six ans, savait lire toute cela dans le champ de son père. Il est vrai que c’est un beau livre qu’un champ ! Ce petit bonhomme, aux pieds nuds, au chapeau de paille, aux cheveux couleur de paille, avec deux petites lumières noires qui lui faisaient des yeux, les yeux les plus intelligens, les plus perçans de son village, avait composé de son petit cerveau comme une chambre noire qu’il emportait partout, où il amassait en silence des couleurs, des formes, de la peinture vivante, pour tout son avenir.

Quand on le voyait au bord d’un chemin, droit et immobile comme l’arbre où il cherchait de l’ombre, tandis que cinq à six moutons, la tête en bas, épluchaient le sol de toutes ses plantes embaumées, et que sa tête, à lui, comme celle de l’arbre qui frémit au moindre soupir du vent, tournait