Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de Lady Betty, tome 1, 1836.pdf/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LE SACRIFICE.

contrainte de céder à la volonté de la plus forte. Il paraissait toutefois assez évident pour tous que ce n’était pas avec la douceur de l’agneau que l’héroïne du sacrifice se laissait entraîner si richement ornée vers l’autel.

Il y avait je ne sais quelle pétulance mutinée dans son air, quel esprit de dédain écrit si distinctement au fond de son œil brillant et bleu d’azur, que le marquis, bien qu’il fît le brave, tressaillait chaque fois qu’il rencontrait ce formidable et méprisant coup-d’œil. La même éloquence muette éclatait dans la manière dont elle foulait aux pieds les fleurs qui étaient semées devant elle ; j’y devinai, sans me tromper, un des innocens moyens par lesquels cette blanche génisse révélait son amère aversion contre les pompes préparées pour le drame dont elle avait horreur d’être l’héroïne.

Son noble père me parut évidemment exas-