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LE BAISER DU ROI.

tout bas en étouffant un soupir et une envie de rire incommode qui se combattaient ensemble.

Qu’est-ce qu’il me veut donc ce laid capitaine, avec ses deux gros yeux bleus faïence et ses cheveux jaunes frisés à l’enfant ?


Sa haine naïve n’ajoutait, en effet, rien au disgracieux portrait qu’elle tirait à part du grand jeune homme osseux et inélégant qui posait devant elle, avec son nez ultra-aquilin, ses joues rugueuses, et l’incivile hardiesse de son regard militaire, qui semblait prendre d’assaut les charmes frêles et boudeurs de cette fière sensitive ; car tel était depuis peu de semaines le plus constant visiteur du ministre avec lequel il demeurait enfermé durant des heures entières. En vain Christine, dans le désespoir d’une