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UNE FEMME

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L’ALBUM DE LADY BETTY. Les choses allèrent à peu près de cette sorte environ une semaine, ou dix jours. Lady Betty semblait plus recueillie, plus pensive qu’elle n’avait été d’abord. Son air était plus sérieux et plus languissant ; ce n’était plus la même affectation d’insouciante indifférence.

Combien elle avait changé ! sa lèvre supérieure ne se pinçait plus dédaigneuse et moqueuse, sa lèvre inférieure s’abaissait voluptueuse et sentimentale ; elle ne parlait plus haut et vivement ; chacune de ses paroles avait une harmonieuse cadence. Lorsque je la suppliais de me conter ce qui se passait en son àme, elle m’affirmait qu’elle n’éprouvait rien qu’une tristesse vague. Si elle était plus grave, elle ne savait certainement pas pourquoi ; c’était sans doute qu’elle vieillissait, ou peut-être, c’est que le temps la rendait meilleure ; elle l’espérait du moins. En somme, elle me permettait de la consoler, si elle avait à être consolée. En tous cas comme elle était déterminée, à se réformer et à corriger tous ses défauts, elle m’établissait son mentor, le directeur de sa conscience, elle souhaitait d’être parfaite ; c’était moi qui devais lui procurer ce difficile mérite. " En vérité, je ne pouvais attribuer qu’à mon influence cette métamorphose, et je m’en félicitais avec ferveur. Betty serait avant peu le modèle idéal d’une épouse accomplie. Je contemplais d’avance i 1 1