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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/140

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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. reprochais en termes fort vifs le rôle peu honorable qu’elle jouait en tiers dans les intrigues amoureuses. Mes improvisations satiriques étaient si entraînantes, que lord Brownsberry y applaudissait lui-même. Pour lady Betty, elle trouvait moyen de m’en remercier, soit en me pressant le pied, soit en me serrant la main ; je ne lui en voulais done pas, mais, sa patience me navrait. Où trouvaitelle le courage avec lequel elle supportait les insupportables assiduités de notre prétentieux et maussade seigneur ? Elle ne se contentait plus de lui montrer de la politesse, elle l’accablait de prévenances, elle louait son esprit et sa conversation. Tant de savoir-vivre et de dévouement à l’hospitalité me surprenait, je le confesse, et me dépitait singulièrement.

Toutefois, si mécontent que je fusse au fond, avec un pareil exemple sous les yeux, et après les promesses pacifiques que j’avais faites, je ne pouvais raisonnablement manifester ouvertement mes dispositions belliqueuses. Il est certain que mon ennemi avait réussi à interrompre toute communication sentimentale directe et continue entre moi et ma bien-aimée ; mais je n’étais pas sans jouir à ses yeux de certains triomphes qui m’étaient d’amples dédommagements. Par exemple, c’était constamment moi que lady Betty chargeait de ses messages à sa mère, qui se tenait une partie du jour