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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/152

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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. habile moyen de me venger de lady Betty ! Le savant connaisseur du cœur des femmes, que j’étais ! Le. glorieux rôle que j’allais jouer désormais à Dakenshade si j’avais l’aplomb d’y séjourner davantage ! Tout bien pesé, je ne me pouvais décemment tirer d’affaire que par une retraite immédiate. Ma résolution fut vite prise. Je montai à ma chambre. Je disposai mon porte-manteau, et tout préparé pour mon départ, je courus chez la vieille lady Layton lui serrer la main et faire mes adieux. Ce que je dis afin de prétexter ma fuite précipitée fut sans doute fort inintelligible, car tandis que je parlais la bonne dame ouvrit de grands yeux et parut ne rien du. tout comprendre à ma harangue. Il est vrai, qu’autant que je me le puis rappeler, je n’y comprenais guère beaucoup plus moi-même. J’eusse évité volontiers l’entrevue de séparation avec lady Barbara, mais ce fut chose impossible. L’impitoyable fille entra dans la chambre de sa mère au moment où j’en sortais, et je dus essuyer le méchant sourire mal étouffé dont la malicieuse créature accompagna sa poignée de main. Le point capital pour moi était, toutefois, de disparaître avant le retour de Betty, avant que les deux sœurs eussent pu se communiquer leurs réciproques confidences touchant mes doubles et pathétiques amours. A cet effet je me hâtai d’enfourcher mon cheval, et je le lançai au galop la rage au cœur. 1