L’ALBUM DE LADY BETTY. 147
Lady Betty parut d’abord stupéfaite de ce ton et de ce langage : elle me supplia de m’expliquer. Avais-je la fièvre ? Étais-je malade ? Étais-je fou ? puis elle se couvrit les yeux de son mouchoir ; elle eut l’air de sangloter : elle fit mine de s’évanouir. Il était temps de rompre les vitres et de parler en face.
— Eh bien, oui ! m’écriai-je, miss Betty, expliquons-nous franchement ; le cher John s’en va parce qu’il ne lui convient pas de demeurer là où sa présence est importune ; parce qu’il ne se soucie point qu’on le mette sous la remise ; parce qu’il se passera aisément de cette estime calme qu’on lui promet en guise d’amour ; parce qu’il ne lui plait pas qu’on ait pitié de lui ; parce qu’il n’est pas de cette étoffe débonnaire dans laquelle on taille les maris complaisants ! Et cela dit, d’une voix très-claire et on ne peut plus distinctivement, je piquai des deux, et, ayant salué la belle fort bas, je m’éloignai au grand galop.
Il se passa bien des jours avant que j’entendisse parler de Dakenshade et de ses habitants. Ce fut seulement vers le milieu de décembre que je reçus, de la part de l’aimable Barbara, un morceau de son gâteau de noces, et, par la même occasion, un billet de lady Betty. Cette chère Betty, elle n’avait pas de rancune au