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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/164

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UNE FEMME

L’amour, qui produit si rarement dans la vie réelle les merveilles qui lui sont trop libéralement attribuées par les romans et l’imagination, l’amour fit ce prodige.

Franck-Hardi était le fils unique d’un officier à demi-solde qui durant plusieurs années avait vécu retiré près de la Cove : Élevé comme un gentilhomme, à la mort imprévue de son père, il ne se trouva propre qu’à faire un mendiant. Il était beau, d’une humeur vive, hardi comme son nom et admirateur passionné de l’existence orageuse vers laquelle il se sentit dès lors éntrainé d’une manière irrésistible. Toutes les émotions de son enfance avaient été comme trempées dans les tableaux orageux de la vie de contrebandier. L’intime ami de son père était smogler, propriétaire et patron d’un cutter consacré à la contrebande. Franck, encore tout petit, prêtait avec avidité l’oreille aux récits de ses aventureuses histoires : il advint naturellement que resté seul tout à coup et jeté dans un monde peu sensible à ses malheurs, il éprouva l’impatient désir d’exercer par lui-même cette carrière qui plaisait à son imagination et à son courage. Accueilli du vieux smogler, il s’élança d’abord avec lui vers la Hollande ; cette première entreprise d’une ardeur mal dirigée pouvait n’être considérée que comme l’élan d’une jeunesse capricieuse et fantastique : elle fut prise au sérieux, et lui ferma tous les sentiers T