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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/264

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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. venu, puis courant reprendre la suite de ses visites chez les dames. Il n’avait jamais l’air de travailler, et l’on se demandait où il trouvait le temps de tout apprendre ; car il semblait ne rien ignorer. Il pouvait dire combien de bagues miss Edgeworth portait au petit doigt de sa main gauche, et combien de panneaux de verre Walter-Scott avait à la grande fenêtre gothique de son cabinet. Il savait le nom de l’auteur de Pelham ; il ne s’écrivait pas un article dans la Revue d’Edimbourg qu’il n’en connut le rédacteur, et l’éditeur de la Gazette de Londres n’était pas un juge plus infaillible sur le mérite d’un livre.

.J’aurais désiré que mes lecteurs eussent été présents à ce congrès d’étoiles, car je ne saurai jamais redire tous ces feux d’artifice spirituels, tous ces riens pétillants et ambitieux, toutes ces expressions prétentieuses et guindées qu’épancha abondam-. ment notre coterie azurée. Il ne leur échappait pas une seule étincelle de vivacité naturelle et involontaire ; jamais cette causerie facile qui repose l’imagination ; pas une pensée vraie ; pas un mot senti ; pas une répartie vive et abandonnée. Tous visaient à l’effet, tous tàchaient de remporter la palme de la déclamation éloquente. Mais quoique je m’avoue incapable de rendre justice à ce superfin langage, encore vais-je essayer d’en donner une esquisse légère, ne fût-ce qu’au