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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/290

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LA PRÉCIEUSE.

32* LA PRÉCIEUSE.

l’hiver en mon lit ; en ce qui est des brouillards, nous les avons en une telle profusion que je ne saurais dire qu’ils me plaisent remarquablement. Je n’ai au contraire, je l’avoue, nulle aversion pour le soleil, et si par hasard il en brille un pauvre rayon à ma fenêtre, il est le bienvenu. Ce fut là le goût le plus bourgeois et le moins poétique qui fut exprimé ; car chacun avait à tour de rôle mis la compagnie dans la confidence de ses plus chères prédilections, et c’avait été à qui aimerait les choses les plus extravagantes, les plus impalpables, les moins sublunaires. Il n’y avait pas jusqu’à la douce et très-civilisée Jenny qui n’eût attesté qu’elle n’enviait rien de ce globe terrestre, si ce n’est la solitude du désert et la hutte enfumée des filles sauvages habillées de plume. Il ne restait plus que Mortimer qui n’avait point confessé de préférence particulière. Sans doute, la parole lui revenant de droit après sa cousine, il fut bien tenté de dire qu’il aimerait fort aussi, près d’elle, la solitude du désert et la hutte enfumée, ainsi que les légers vètements de plume ; mais il réprima cette galanterie. Il eut honte de faire sa partie dans ce concert de sottises azurées, de sorte qu’il garda le silence. En général, les bas-bleus tolèrent malaisément les pauses dans leurs conversations. Qu’on s’abstienne de parler ou de hurler avec eux, cela leur