Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
148
MISS MOLLY.

en veux épais et crépus étaient complètement blancs. De larges sourcils noirs couronnaient un œil brillant, où la hardiesse s’alliait à la bonne humeur. Sa taille ne dépassait guère cinq pieds deux pouces ; mais ses épaules carrées, ses bras nerveux, ses jambes cambrées en dedans, dénotaient une force physique peu commune. Il portait le costume de simple matelot. Un bâton noueux, un poignard, partie caché sous sa veste de marin, et que soutenait un baudrier de cuir, tels étaient ses moyens de défense. A travers la brusquerie de ses maniè res, un œil exercé aurait pu discerner une aisance et une noblesse qui ne s’accordaient guère avec l’humble physionomie de ses vêtements. La boue qui couvrait son pantalon jusqu’au genou témoignait d’une longue course faite à pied, par des chemins détestables ; cette circonstance ne contribuait pas à donner une haute idée des ressources pécuniaires du voyageur, dans un pays où le moindre fermier avait un cheval à sa disposition. MISS HOLLY.

Après avoir recouvré peu à peu son assurance et considéré l’équipement de son nouvel hote, la vieille Mysie crut qu’il était de sa dignité de répondre aux interpellations qu’elle venait de subir. Et qui êtes-vous donc, vous, pour venir vous mêler des affaires d’une honnête femme qui gagne sa vie comme elle peut ? De quel droit osez-vous donner des ordres à ma servante ? Chacun n’est-il