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MISS MOLLY.

dont il s’était chargé, pour nous occuper un peu de l’amiral-duc de Fyden. Le duc portait au plus haut point la bizarrerie de caractère ; issu d’une famille obscure, il ne devait son élévation et ses titres qu’à son mérite personnel.. Il était arrivé de matelot au grade d’amiral ; fils de fermier, il avait transformé en duché la cabane paternelle. Comme tous les hommes dont les idées sont grandes et nobles, loin de rougir de .sa pauvreté première, il en tirait vanité ; il n’était jamais plus heureux que lorsqu’il racontait sa première campagne sur le Terrible, en qualité de pilote. Retiré depuis trois ans dans son château de Bury, il était loin d’y mener la vie d’un grand seigneur indolent et fastueux. Au contraire, l’activité semblait son élément. Vêtu d’une façon plus que modeste, il allait et venait, sans mettre personne dans le secret de ses excursions, si ce n’est pourtant un vieux matelot qui, depuis l’enfance, avait suivi sa fortune bonne ou mauvaise. Le duc s’absentait souvent des semaines entières. Que faisait-il ? Ses domestiques l’ignoraient, jusqu’à ce que les actes de bienfaisance que leur maître semait sur ses pas, fissent connaître l’emploi de son temps. Le plus souvent, il revenait à Bury à l’insu de tout le monde, rentrait dans son appartement, sonnait et donnait des ordres, comme s’il n’avait point quitté sa chambre. Célibataire et possesseur d’une fortune immense, • MISS MOLLY.

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