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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/424

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LE BAISER DU ROI.

gagnée. La colère de mon père est une pluie sur l’herbe un rayon de soleil l’évapore ; ne le connais-tu pas, Adolphe ? Je t’en prie, ne soupire pas ; ne croise pas ainsi tes bras ; ne regarde pas le ciel avec cet air solennel, je n’ai pas envie de gémir, moi : je veux du bonheur, de la joie, un bal : eh bien ! l’amour accordera l’orchestre, et nous danserons gaiement au bal de notre mariage.

— L’espérance t’abuse, Christine ; je connais ton père mieux que toi. Ah ! ma bien-aimée ! poursuivit-il en examinant sa beauté avec effroi, tu n’auras pas le courage de refuser le jouet magnifique qu’il veut t’offrir en échange du cœur ardent et dévoué de ton cousin.

Christine à son tour le regarda entre les deux yeux, et les siens se remplirent de larmes ; mais comme elle ne pouvait s’arrêter long temps à une idée triste, elle essaya un peu de colère.

— Vous ne me croyez pas destinée à augmenter la liste des amantes fidèles, à ce que je vois, et cela en dépit même de la dernière preuve que vous venez de surprendre de ma bonne foi, espion ?

— Sèche cette larme, Christine ! je ne suis pas assez stoïque pour braver une telle éloquence.

— Pourquoi me fais-tu pleurer ? dit Christine en souriant déjà ; était-ce donc pour le plaisir enfantin de sécher des larmes avec tes lèvres ?… ou bien étais-tu en effet jaloux de quelque rival imaginaire ?