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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/433

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LE BAISER DU ROI.

et frisés, et répliqua presque avec emportement :

— Une femme peut-elle pénétrer dans la noble fièvre qui précipite un homme de courage dans une foule de dangers, et le porte à mépriser la vie avec toutes ses fades jouissances, pour mériter la couronne d’une gloire immortelle ?

— Non, répondit-elle simplement ; je n’ai point de fièvre et nulle sympathie avec les destructeurs. Si je savais une célébrité, je voudrais l’attirer sur moi par les bénédictions des spectateurs de ma vie. Oui, mon père ! oui ! poursuivit-elle sans obéir au regard répressif du ministre qui lui commandait le silence.

— J’aimerais mieux qu’il vécussent pour me bénir, que de mourir en me maudissant. C’est affreux les tueurs d’hommes ! N’en parlons pas, messeigneurs, que pour prier le ciel d’en délivrer la terre.

— Enfant ! murmura le ministre à la torture, en remplissant le verre d’Ericson stupéfait et s’efforçant de la distraire :

— À la gloire d’Alexandre, comte !

— Bien dit s’écria le guerrier en mouillant sa colère d’un vin délicieux. Allons ! petite sauvage : À la gloire d’Alexandre ! Et il heurta la coupe brillante de Christine, de manière à la briser en éclats.

— Je n’ai point de soif pour une telle gloire ! répliqua la mutine raisonneuse. Je ne boirai point