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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/442

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LE BAISER DU ROI.

— Tu dis vrai ! s’écria Charles, ivre de joie, comme s’il respirait tout à coup la poudre de cette bataille. Puis, sautant au cou d’Adolphe et posant le doigt sur sa cicatrice : Tu n’avais pas besoin d’autre passeport pour arriver jusqu’à moi… même pour te battre contre moi, comme je jurerais que tu en as grande envie ; car le jour dont tu parles, j’ai appris comme toi le rôle d’un soldat et la vraie dignité de l’homme. Par les mille bombes qui nous pleuvaient au visage, donne ta main, frère, car nous avons été baptisés ensemble par le sang.

Charles XII parut alors à Christine grand et imposant comme une forteresse. Alors se retournant tout à coup vers la jeune fille dont la curiosité avait déjà séché les larmes, il lui dit avec une gaieté qui n’était pas sans grâce :

— Par mon sabre ! Christine, je suis un triste soupirant ; un seul geste de ta main vient d’étouffer dans mon cœur tous les amours qui l’avaient pris par trahison. Parle donc aussi franchement que tu agis aimes-tu ce brave ?

— Oui, sire.

— Qui empêche ce mariage ?

— Celui du comte Ericson ; dont mon père me menace incessamment.

— Oh ! oh ! pensa Charles en souriant à part avec réflexion : je vois au fond des choses mainte-