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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/61

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UNE FEMME.

vement hautain d’épaules donnait à Rivalto l’aspect d’un maître. Elle sentit qu’il était le sien, elle se hâta aussi de le supposer poursuivi par un danger bien grand, puisqu’il le jetait dans ce dur oubli de lui-même ; et elle se fit une loi de respecter son silence : ce silence l’étouffait pourtant, mais toute puissante qu’elle se voulait sur sa plus forte moitié, Fanelly était Anglaise et douée d’une propension touchante à l’obéissance ; elle prépara, bouleversa, rassembla tout pour leur fuite, n’emmenant de sa maison que Grisèle, fille douce et fidèle qui dut la rejoindre le lendemain après avoir rempli les ordres généreux de sa maitresse qui congédiait en les récompensant ses autres domestiques. Une heure suffit dans le mystère le plus impénétrable pour accomplir et couvrir cette imposante action de sa vie que Rivalto hâtait avec une fiévreuse impatience, ne perdant pas un seul des mouvements de cette femme sublime alors de silence et de soumission : aussi, à travers l’espèce d’égarement qu’il ne pouvait maltriser, ému de l’abandon sans borne de Fanelly muette, il tomba tout à coup à genoux devant elle avec toutes les marques d’une adoration sainte, et jura d’un ton solennel qui releva sa maltresse au ciel d’où elle se sentait tombée, qu’il ne sortirait de l’Angleterre que l’époux éternel de Fanelly Galt.

Elle posa la main sur son front si cher sans par- .